Mercredi 3 décembre – A la table du petit déjeuner. Il est 6 heures. Le jour peine à se lever et j’entends les coqs qui commencent à chanter un peu partout autour de la maison d’hôtes. J-15

La petite ville de Luang Prabang est douce, délicieuse, presque débonnaire. Nous sommes si heureux d’être plongés dans cette nouvelle atmosphère.

A Bangkok, nous sommes partis tôt de l'auberge de jeunesse pour anticiper les éventuels embouteillages et, finalement, nous avons enregistré nos bagages parmi les premiers.

Durant notre dernier vol, les garçons ont profité du temps libre pour remplir leur carnet de voyage et les documents nécessaires à l’obtention du visa à l’arrivée.

A la sortie de l’avion, nous avons tous le sourire jusqu’aux oreilles. Nous avions hâte de découvrir un pays d’Asie assez vierge et ici, au Laos, nous sentons que nous sommes proches de notre objectif.

L’aéroport, même s’il semble moderne, a encore ce côté rustique. Une file indique clairement qu’elle est destinée aux voyageurs sans visa et l’obtention sera finalement une simple formalité. Le petit « bonjour » du policier du contrôle de l’immigration nous rappelle que la France a aussi pesé dans l’histoire de ce pays.

A la sortie, nous trouvons un taxi, Mr Pom, qui parle suffisamment bien anglais pour que nous nous comprenions.

Nos premières centaines de mètres nous plongent immédiatement dans l’ambiance. Une route en relativement bon état est bordée de petites maisons – ou ce qui peut y ressembler – et la terre noire est retournée un peu partout et sert de jardin potager pour leurs habitants. Le vert des jeunes pousses, bien alignées, cultivées en micro terrasses donne le ton. Des drapeaux du Laos flottent devant chaque maison… en général accolés à celui, rouge, du marteau et de la faucille qui nous rappelle que ce pays est une république socialiste à parti unique, où le Parti révolutionnaire populaire lao est le seul parti légal.

Sur la route qui nous mène à notre maison d’hôtes, il y a relativement peu de véhicules. Quelques mobylettes et motos sur lesquelles il est fréquent de voir un couple et un enfant et quelques tuk tuk, plus longs qu’en Thaïlande et avec deux banquettes face à face et perpendiculaires à la voie. Ils sont très colorés aussi.

Je demande à Mr Pom de nous arrêter à un distributeur de billets et je retire tout de suite 1 million… de kip. C’est à dire l’équivalent de 100€.

Lorsque nous sortons du taxi devant l’hôtel, la première sensation est celle de calme. Pas flegmatique mais paisible. Il n’y a pas de bruit dans les rues. Les motocyclistes roulent au pas. Pas de klaxon. Les gens parlent doucement. Il n’y a pas de travaux… ou alors sans bruit. Pas de frénésie. La « zenitude » totale et rien ne semble vouloir venir la perturber.

Situé sur le Mékong, à 210 kilomètres en amont de Vientiane, Luang Prabang est un port fluvial. Cette petite ville de 55 000 habitants est enchâssée dans un environnement montagneux et c’est probablement sa difficulté d'accès qui lui a permis de garder son aspect originel et typique.

Nous avons lu sur Wikipédia que le royaume de Luang Prabang accepta le protectorat français pour tout le pays en 1893. Les Français reconstruisirent Vientiane, la dotant d'infrastructures, de routes et d'universités, et agrandirent le Royaume de Luang Prabang en intégrant des provinces du nord et de l'ancien État de Vientiane. La cité de Luang Prabang, où résidait le commissaire français, se dota dès lors d'une architecture coloniale.

En 1989, le Laos ouvre ses portes au tourisme stimulant la croissance économique et la revitalisation de Luang Prabang. Les maisons de bois traditionnelles et maisons de maître coloniales ont été restaurées, retrouvant leurs lustres d'antan, sous la forme de belles maisons d'hôtes, d'hôtels et restaurants pour répondre à l'offre touristique grandissante. C’est dans l’une de ces maisons d’hôtes que Lovely nous a choisi notre résidence pour les deux nuits à venir.

Classée en 1995 au Patrimoine mondial de l'Humanité par l'UNESCO, Luang Prabang est l'une des plus jolies villes d'Asie, des plus préservées aussi grâce à la présence de la Maison du Patrimoine qui veille à la sauvegarde de la vieille ville. La ville est aussi un des très hauts symboles du bouddhisme en Asie, jouissant d'une grande aura auprès d'une population encore très fervente et très pratiquante. Avec les dizaines de temples occupant près d'un tiers de sa surface, Luang Prabang est encore aujourd'hui le siège de nombreuses manifestations religieuses. Les moines vêtus de la robe safran se comptent par milliers, ce qui renforce son caractère singulièrement mystique. Chaque matin, des centaines de moines provenant des différents monastères marchent à travers les rues pour récolter l'aumône des habitants et parfois des touristes paraît-il. Nous partirons à leur rencontre, probablement demain ou après demain. La ville conserve aujourd'hui de très nombreuses traces de la présence française. Nous sommes installés face au Palais royal qui fut construit entre 1904 et 1909 sous le règne du roi Sisavang Vong, et transformé en musée national depuis 1975.

Dès que nos sacs sont posés, nous décidons d’aller nous perdre dans les petites rues de la vieille ville qui longent le Mékong, juste derrière l’hôtel. Nous flânerons, rentrerons dans quelques galeries d’art asiatique. Nous trouverons même une petite boutique de guides touristiques sur le Laos et Lovely y dénichera un Lonely… en français !! C’est une bonne chose pour notre semaine laotienne.

En fin d’après-midi, nous finirons par le marché nocturne où les laotiens installent les tentes rouges de leurs étals juste avant la tombée de la nuit dans l’artère principale. Des dizaines de stands vendent des écharpes en soie, des tentures, des vêtements, des poteries, des lampes en bambou, des chaussures, du papier, des articles en argent ou des sacs à main faits à partir de sacs de ciment. Les garçons, nous ne résisterons pas à une petite crêpe...

Sur le chemin retour, nous envisageons de profiter d’un nouveau massage, à l’huile cette fois, pour davantage de douceur. Nos avons repéré quelques salons à proximité de la maison d’hôtes.

Dans la nuit, garé en épis contre le trottoir, nous apercevons – avec un peu d’étonnement - un camping car et forcément… nous repensons à notre trip australien. Intrigués, nous nous approchons pour voir la plaque minéralogique et là, surprise ! Une plaque française du 73 ! Avec l’adresse internet www.kumparoundtheworld.com… certainement des voyageurs. Sur le pas de la porte, Norman, parle avec un petit garçon, tout blong. Un BG bis. Nous nous approchons un peu plus encore et Lovely engage la discussion. Norman, Stéphanie, Gaspard et Faustine sont partis du pays de Gex (la plaque encore en 73 est celle de l’ancien propriétaire) il y a deux mois seulement et pour 2 ans. Après quelques minutes de discussion, ils nous proposent de prendre un petit apéro. Vous nous connaissez, nous n’avons pas résisté ( ;-)) !! Assis dans les mêmes sièges pliants que ceux que nous avions, c’est  autour de la table de camping que nous prenons un pastis frais et partageons nos impressions de grands voyageurs, nos émotions, nos rencontres, l’évolution des enfants, les quelques pépins ou coups de gueule. Puis les raisons de nos départs. The Artist et BG acceptent l’invitation de Faustine à visiter leur maison sur roues et jouerons finalement au Lego avec eux pendant une heure ! Des jouets que les nôtres n’ont pas vu depuis plus de 6 mois.

Au moment de nous séparer, le petit Gaspard propose que nous dinions tous ensemble. Allez, go ! Nous passerons un moment de plus en leur compagnie dans un petit restaurant laotien le long du Mékong. Une belle rencontre et pour nous, ce sera l’occasion de passer bientôt de l’autre côté du blog et de les suivre quotidiennement. « khàwp jiai » (merci en laotien) pour cette soirée et bon voyage à vous 4 !

Nous vous embrassons tous. 

Victorinox