1ère partie de chasse et soirée à la cabane de l'Oncle Antoine !
Dimanche 9 Novembre – Sur la terrasse du paradis d’Antoine, à Farino...
Depuis Foé et son lagon magique, nous avons roulé pendant 45 minutes pour atteindre La Foa. Le soleil s’est bien installé ce matin et la route était très agréable avec de jolis paysages et un petit stop à la Roche Percée…
Nous nous étions donnés rendez-vous avec Antoine à midi dans le centre du village, au supermarché « Chez Emilie ». Nous y arrivons en même temps et faisons le plein de victuailles pour ces quelques jours que nous passerons ensemble. Nous ne prendrons ni vin, ni bière… non pas par choix mais par obligation ! Ici, il est interdit de commercialiser de l’alcool après midi les week-ends. Heureusement, il nous reste quelques canettes de Number One, la bière locale et Antoine a quelques bonnes bouteilles là-haut.
Justement, pour accéder à sa cabane, la route monte, crapahute même. Nous sommes ravis d’avoir quitté l’axe routier principal qui traverse la Nouvelle-Calédonie du Nord au Sud, la RT 1, pour nous engager sur la petite route de Farino. Etroite et sinueuse, la route est magique, bordée par de nombreux jardins exubérants et une impressionnante quantité d’essences d’arbres différentes. Bananiers, arbres du voyageur, ylang-ylang, cocotiers, bougainvilliers, niaoulis…
La route progresse en balcon sur un paysage vallonné et de là-haut, nous apercevons le dégradé turquoise du lagon et plus loin encore la ligne blanche formée par le ressac des vagues sur la barrière de corail qui marque nettement la limite avec l’eau plus sombre des grandes profondeurs.
Nous franchissons deux petits ponts sans barrière, la terre rouge recouvre partiellement le macadam et le pick-up d’Antoine s’arrête. Il en descend pour aller farfouiller dans les hautes herbes et ouvrir l’arrivée générale d’eau, brancher le compteur électrique et… ouvrir le portail métallique de son petit coin de paradis.
L’environnement est très verdoyant et le chemin est à peine marqué au sol et deux gros arbres, des pieds d’erythrines, trônent en maîtres des lieux à l’entrée.
Puis trois lacets plus haut - que le Duster en 2 roues motrices aura bien du mal à gravir sur un sol gras -, la cabane de l’Oncle Antoine s’offre à nous… telle que l’imaginions.
Elle est posée sur un replat d’où l’on domine, comme sur la route les chaines de montagnes et le lagon au loin. Eloignés de tout, nous avons l’impression géniale d’être seuls au monde...
Construite avec quelques-uns de ses amis, la cabane d’Antoine est simple mais offre tout le confort rustique que l’on attendait. Tout le monde participe à l’installation du campement avec la douche balinaise d’un côté du jardin, les toilettes sèches de l’autre et enfin l’évier « mobile » que l’on place à côté de l’arrivée d’eau.
Puis les garçons montent les tentes que Vincent et Hélène nous ont prêtées en début de semaine. Deux tentes pour deux groupes. El Gringo et The Artist d’un côté, Gautier et Gersande de l’autre. Tous les deux de 2005, ils s’entendent à merveille et c’est un plaisir de voir leur complicité se construire au fil des heures qu’ils passent ensemble.
Le soir venu, au travers la toile de tente, nous les entendrons se confier l’un à l’autre sur leurs histoires de cœur. Unique !
Après notre premier casse-croûte du midi, Antoine propose que nous partions chasser sur sa grande propriété de plus de 5 ha. Le terrain est accidenté, très raide, boisé et nous ne partirons qu’à trois pour limiter le bruit. Charles et moi accompagnerons donc Antoine. Nous nous préparons rapidement, enfilant des tenues plus discrètes que nous a apportées Antoine, testant la lunette et l’armement de la carabine 22 magnum.
Puis c’est le départ. Antoine, confiant, me prête généreusement l’arme et l’adrénaline monte d’un petit cran. Tout de suite derrière la cabane, le chemin grimpe à flanc de montagne. La pente est raide, le sol est un mélange de cailloux et de terre friable. Très vite, nous nous rendons compte de l’importance des dégâts causés par les cerfs (à prononcer en appuyant le « f »). Le sol est entièrement piétiné. Les cheminements des animaux se croisent en permanence et la fréquence de leurs passages ont littéralement labouré le sol, empêchant toute végétation de pousser. Nous sommes dans une forêt dense mais rien ne pousse au sol… Les traces d’excrément sont nombreuses et Antoine, devant, allume sans cesse son briquet pour évaluer le sens du vent et guider notre progression. La pente se raidit encore et le sol qui se dérobe sous nos pas impose que nous utilisons nos mains pour saisir des souches et nous aider à avancer. Chacun de nos pas est calculé pour éviter de faire du bruit. Nous scrutons les brindilles au sol qui pourraient craquer sous nos pas, évitons de saisir les frêles arbustes dont la cime pourrait bouger sous la pression de notre geste et, avec des gestes au ralenti, tentons de marcher avec l’agilité d’un chat, tout en restant concentrés, à l’écoute du moindre mouvement autour de nous. Nous entendons de nombreux bruits d’oiseaux et pour chacun d’eux, Antoine, nous détaille leur nom, leur taille ou la couleur de leur plumage. Soudain, sur notre droite, nous sommes témoins d’un départ de cerfs dans le sous-bois. Trop loin, trop vite.
Après avoir progressé avec le vent dans le dos, nous atteignons, toujours dans les sous-bois, une ligne de crête et le vent devient maintenant favorable, face à nous. Antoine me demande de faire monter une balle dans le chargeur de la carabine et me propose de progresser maintenant en tête. El Gringo et lui resteront un peu derrière pour limiter les bruits. Je suis aux aguets et avance prudemment le plus silencieusement possible. Loin devant moi, je vois des ombres puis une forme au travers des nombreux arbres. J’ôte la sécurité. Je m’assure de la présence d’un cerf que j’observe avec difficulté entre des arbres formant un « V ». Je ne le vois pas en entier mais distingue nettement son encolure et l’extrémité de ses bois. Mon cœur s’emballe avec la décharge d’adrénaline et bat maintenant la chamade. Excité, je me retourne vers Antoine pour lui signifier que j’en ai un en ligne de mire. Il fait signe de tirer. Je porte mon œil à la lunette de la carabine. Le cerf est loin. Je n’ai pas la tête dans le viseur et ne peux distinguer maintenant que le haut de l’encolure, appelé en NC la « barre du cou ». J’hésite un peu mais l’occasion ne se représentera peut être pas. Tout va très vite, trop vite probablement. Je fais glisser mon index sur la gâchette, bloque ma respiration. Pan ! D’abord surpris par le peu de recul provoqué par le tir, je suis ensuite étonné par l’absence de bruit. Pas de départ bruyant de l’animal si je l’ai raté. Pas plus de bruit de chute de l’animal non plus… si je l’ai touché. Je ne vois plus rien dans la lunette. Sans réfléchir, je réarme ma carabine et le chargeur délivre une nouvelle balle dans la chambre. Je progresse prudemment vers ma cible. Les battements du cœur n’ont pas ralenti. Il n’est pas aisé de progresser en trace directe jusqu’à la cible à cause des arbres mais en m’approchant, je distingue le petit point d’eau où le cerf était venu s’abreuver.
Pas d’animal. Ni là, ni autour. Il a du s’enfuir. Je suis furieux car j’étais trop loin et j’aurais du prendre le temps de tenter de m’approcher davantage. Le vent était pour temps avec moi. Manque d’expérience où excès d’impatience… ou les deux à la fois !
En redescendant, nous observerons à deux nouveaux départs de cerfs et verrons de prêt un cochon sauvage. Chat échaudé craint l’eau froide, je prends le temps de m’approcher en douceur mais cette fois l’animal aura déguerpi sans même que nous nous en rendions compte… Le temps passe vite, le soleil se couche derrière la chaine montagneuse face à nous et nous devons rentrer à la cabane car la nuit va tomber rapidement.
Nous rentrons bredouilles mais ravis par cette première sortie. A plusieurs reprises durant cette partie de chasse, je me suis retourné vers El Gringo et nous pouvions lire, chacun dans nos regards, notre plaisir à partager ce moment !
Lovely et le reste de la tribu ont déjà préparé le feu au campement et nous n’aurons plus qu’à prendre notre douche « à la balinaise », c’est à dire à l’aide d’une timbale que nous plongeons dans la bassine que nous avons apportée là. Propres comme des sous neufs, nous nous installons autour du feu à côté de la cabane pour un apéro salutaire.
Pour le diner, nous ferons griller des échines de porc et, autour de la grande table sous le auvent, nous nous régalerons de la salade de pâtes puis de la succulente tarte aux pommes que Cynthia avait préparé pour nous tous. Chacun des enfants ira à son rythme rejoindre sa tente et nous installerons autour du feu pour finir la soirée. Tellement ravis de nous retrouver avec Antoine dans son paradis, nous profitons de l’instant présent et la soirée s’achèvera à plus d’une heure du matin… lorsque nous n’aurons plus de bouteille ! En refaisant le monde, nous avons assisté à un superbe lever de pleine lune, à quelques survols de chauve-souris, des roussettes, entendu le cri d’un pigeons vert, d’un oiseau siffleur et de temps à autre, nous nous levons pour admirer, dans la nuit, le brouillard qui envahit les fonds de vallée de Moindou. La fraicheur nocturne est tombée et la température n’est guère au-dessus de 12°. Lovely et moi dormirons dans les lits superposés avec comme draps nos simples « sacs à viande » mais, au milieu de la lit, frigorifiée, elle me rejoindra et nous finirons notre nuit sur mon petit matelas de 80cm, comme au bon vieux temps. Ce matin, nous nous sommes levés à 7 heures, et après le réveil de tous les campeurs...
... nous sommes préparés pour aller au marché dominical de Farino. C’est la petite commune de Nouvelle-Calédonie et pourtant son marché, peut-être grâce au cadre magnifique, à la diversité des produits ou à la convivialité qui y règne, est devenu un lieu de rendez-vous sympathique et a ainsi acquis une incroyable notoriété sur le Caillou !
Nous avons acheté des saucisses de cerfs à faire griller pour ce soir, du pâté de cerf, du jambon de cerf et même des saucissons secs de cerf préparés par un Corse… bref que des trucs légers que nous mangeons forcément avec du pain… et du vin ! Et à cause de la température qui monte, nous nous sommes aussi arrêtés refaire le plein de « Number One », la bière locale ! Antoine est reconnu par tout le monde, faisant la bise à Paulette sur le marché, la marchande d’achards, serrant la main de monsieur le Maire ou du Haut Commissaire (équivalent du préfet). Plus tard, une dame l’interpellera. « Excusez-moi Monsieur, vous n’êtes pas Antoine L. ? Je vous vois souvent à la télé… ». Nous nous promenons avec une star locale !
Nous ferons le plein de bouteilles de vin et de quelques « mousses » pour tenir tout le week-end. Ce n’est pas pour nous, bien entendu, mais pour Eric, un ami d’Antoine qui a participé à la construction de la cabane et qui doit venir nous rejoindre avec son épouse Christine pour la soirée à Boulouparis…
Dernier déjeuner à la cabane – ou plus exactement dernier apéritif déjeunatoire – et avant de replier le campement, Antoine nous fera planter deux arbres qu’il avait rapportés de Nouméa. Lovely et moi creusons deux trous. Le premier pour un carambole et le second pour un « pomme-cannelle ». Ce sera le moyen de laisser une trace de notre passage à Farino… dans la case de l’Oncle Antoine… dans son petit coin de paradis !
Nous reprenons la route, sous le soleil, vers le sud pour rejoindre Boulouparis où Marcel, le parrain de Gersande nous prête sa maison de chasse pour 2 nuits.
Nous vous embrassons depuis le trop beau bush calédonien !
Victorinox