The Reef with Big Mama
Lundi 1er septembre – Sur le pont de Big Mama
Vous l’avez compris, Big Mama est le nom du voilier qui vient de nous emmener plonger sur la Grande Barrière de Corail, au milieu de nulle part… au large de Mission Beach.
Je suis assis sur la banquette à l’arrière de ce superbe vieux voilier de 18m. Nous sommes 10 à bord aujourd’hui. Un couple d’italiens - sans italienne (!!) - trois allemandes et nous. Claudia et ses 2 filles de 14 & 16 ans, Isabel et Johana sont originaires de Munich et sont en Australie pour 4 semaines.
Le spi est déployé et totalement gonflé, la grand voile et le génois aussi. Le ciel est bleu et la chaleur est atténuée par le vent qui souffle régulièrement et pousse en silence notre beau voilier.
Stu, Lisa, Fletcher leur fils de 9 ans, et Coco, la petite chienne, vivent à bord toute l’année. Trois fois par semaine, ils transforment leur maison flottante en voilier de croisière pour emmener les touristes plonger sur la barrière. Ils sont adorables et cette aventure nous a conquis tout de suite. Rien à voir avec bons nombres des compagnies concurrentes qui amènent entre 40 et 60 personnes par jour dans des bateaux à moteur spécialement conçus pour le transport de passagers. Avec Big Mama, nous prenons le temps dans une atmosphère détendue.
Le départ était prévu à 9h ce matin, à côté de la rampe à bateau sur la crique de Clumb Point. Nous y étions avec un peu d’avance. Nous sommes montés sur l’annexe qui nous attendait là et avons embarqué à bord du voilier.
Nous avons fait une heure et demi de navigation, cap à l’Est… avec seulement l’Océan à l’horizon.
Cette partie de la croisière est passée à toute allure. Nous avons passé notre temps à discuter de notre voyage avec les autres hôtes. El Gringo a affuté son anglais avec Isabel et Johana, tandis que The Artist et BG ont communiqué au mieux avec Fletcher, d’abord en regardant avec lui les livres de poissons dans le carré de la cabine puis ensuite en jouant ensemble à cache-cache sur le bateau.
En arrivant, c’est un nouveau spectacle que nous offre le Pacifique. La Grande Barrière de corail, surnommée le « Reef », est une véritable merveille de la nature. Elle s’étire comme un long ruban multicolore le long de la côte du Queensland. Elle est composée de 2 900 massifs distincts qui forment le plus grand récif de la planète. En arrivant sur l’un deux, les nuances de bleus sont infinies avec l’arrivée des hauts-fonds, du sable banc qui tapisse la mer et des patates de corail. Au loin, les vagues déferlent sur la barrière extérieure et viennent mourir dans une eau vert turquoise.
Nous jetons l’ancre. Aucun bateau à l’horizon. A l’Ouest, nous distinguons à peine la côte et à l’Est, naturellement, rien d’autre que la mer à perte de vue.
Nous enfilons une combinaison shorty et montons à bord du dinghy.
Deux minutes après, nous sommes tous les 10 sur zone. Stu nous donne quelques explications sur le spot, les directions à suivre et nous rappelle les règles élémentaires pour ne pas endommager les coraux. La première sera de plonger sans palme. C’est parfait. Un, deux, trois… bascule arrière et plouf, nous voilà immergés.
Il y a de 3 à 5 mètres de fond. Le silence. Et les coraux. Des coraux partout. Tous vivants. Ils tapissent le sol tout autour de nous. Il n’y a quasiment pas de sable en fait. C’est simplement un imbroglio de coraux multicolores. Comme pour la chanson de Pierre Perret sur le zizi, il y a en a de toutes les sortes. Des grands et des petits, des durs et des mous… certains sont plats et poussent sur des patates de corail comme certains champignons chez nous poussent à l’horizontal sur des troncs, d’autres ressemblent à des bois de cerfs… mais sont tout bleu, ou tout vert et toutes leurs extrémités présentent des pousses de l’année d’un ton plus vif encore. C’est un arc-en-ciel de couleurs. Et ces coraux de toutes sortes se mêlent les uns aux autres, poussent les uns sur les autres et forment une épaisseur telle qu’on ne peut quasiment pas distinguer le fond. C’est un territoire de cavernes pour les poissons multicolores qui trouvent refuge dans ces cachettes innombrables. Leurs formes sont si variées que nous avons l’impression de voir tantôt des chanterelles géantes, jaunes aussi, des fleurs japonaises blanches ourlées de blanc, de mini volcans orangés, tantôt des tulipes qui vont fleurir sous peu, des bonzaïs rouges qui auraient perdu leurs feuilles, des trompettes multicolores, des laitues vertes aux contours finement découpés, de petits cerveaux aux veines jaunes et blanches ou encore des pompons mauves avec des tentacules qui ressemblent à des petits bouts de laine qui ondulent. Certains ont la texture de bâtons de sucre cristallisé et d’autres de chips parfaitement aplanies ou d’autres encore semblent comme recouverts d’un fin velours. Certains semblent secs et cassants, d’autres au contraire tendres et généreux. Certains ont même des filaments qui dansent au rythme du flux et du reflux. Nous croisons aussi des bénitiers géants de plus d’un mètre et vieux de plus de 150 ans et qui nous laissent découvrir leurs lèvres béantes, violacées, bleues ou vertes. Même les étoiles de mer ont revêtu un habit de fête en se parant de bleu de méthylène. Un monde sous-marin extrêmement varié, complètement fou, impressionnant, ahurissant mais finalement, tellement rassurant. Dépourvu d’appareil photo étanche, je vous joins quelques photos « volées » sur le net mais provenant de la grande Barrière.
Nous avions eu la chance de découvrir des coraux vivants et colorés aux Seychelles au début des années 90, avant les effets de « El Nino » mais n’avions jamais eu l’occasion de revoir des fonds aussi vivants depuis. Nous rêvions tant de pouvoir renouveler un jour cette expérience de nager dans un univers sous-marin sauvage encore à l’état brut. Nous voilà rassurés et comblés. Ici, les fonds sont encore intacts. La vie sous-marine est partout. En retournant en direction du bateau, nous apercevons un requin pointe blanche de plus de 2m qui fera quelques rotations devant nous… un joli ballet mais un joli morceau aussi !
Nous sommes restés 45 minutes dans l’eau et avons regagné Big Mama. Lisa nous avait préparé un délicieux déjeuner avec des salades, des brochettes et du poisson en papillote pêché la veille.
Nous reprenons la route pendant quelques minutes et jetons à nouveau l’ancre sur un nouveau spot. Nous enfilons une nouvelle fois nos combinaisons encore humides et c’est reparti pour de nouvelles découvertes. Ici, il y a autant de coraux en quantité. Moins variés que lors de la précédente plongée mais il y a plus de poissons. De gros spécimens. Quasiment les mêmes que ceux que nous avons admirés en Polynésie mais plus gros. Lors de cette plongée, le fond est recouvert des coraux qui nous faisaient penser à des bois de cerfs. Il y a en a partout, imbriqués les uns dans les autres. Majoritairement blancs, il y en a de nombreux bleus. Un bleu intense. Mais ce qui nous impressionne le plus sont les coraux, aussi fin que de la dentelle, qui poussent à l’horizontal sur les grosses patates de corail et forment autour d’elles une multitude de plateaux de tailles et de formes différentes. Ces plateaux font plus d’un mètre carré et ne sont accrocher au corail qu’en un seul point. Elles paraissent pourtant si fragiles. Nous croiserons de nombreux poissons autour de ces sculptures et descendrons au plus près d’eux pour tenter de les apercevoir cachés sous les « plateaux » ou entre les « bois de cerfs ».
Nous retournerons au bateau nous sécher et échanger nos premières impressions sur cette magnifique partie de snorkeling. La plus vivante de toutes. Il faut maintenant quitter le spot.
Lisa nous préparera quelques pop corns et nous discuterons encore un bon moment avec Claudia, journaliste en Allemagne, qui sera impressionnée que votre blog compte déjà près de 25 000 visiteurs après 3 mois de mise en service !
Puis soudain, la clochette de la ligne de fond tinte. Un poisson au bout de la ligne. Stu s’active avec l’aide de Fletcher pour la remonter avec, au bout, un beau maquereau… d’une taille bien supérieure à celle que nous connaissons en France !
Nous arriverons à Mission Beach avec le soleil couchant et nous dirons au revoir à tout le monde après une photo de « famille ».
La seule ombre au tableau de cette magnifique journée sera notre passage à l’hôpital de Tully en fin de journée, à 30 minutes de route de Mission Beach, pour Augustin qui souffre d’une grosse otite depuis hier soir. Et à 24 heures de notre vol pour Melbourne, nous ne voulions pas prendre de risques. Nous ne repartirons qu’à 20h30 de l’hôpital après avoir payé une belle ardoise de 300$ pour 5 minutes de consultations. La France et son système de santé « gratuit » sont bien loin !!
Le diner aux chandelles sera plus simple à cette heure tardive mais nous préparerons un dernier spritz pour finir la bouteille d’Aperol achetée il y a 5 jours et saluer, pour une dernière fois, Lillypads et sa maison jaune que nous n’oublierons jamais !
Demain, nous partirons assez tôt pour rejoindre Cairns et prendre, mercredi matin, notre vol pour Melbourne.
Je vous embrasse fort.
Victorinox