De la baie Faaroa à Raiatea au motu Céran à Taaha !
Samedi 9 août – 18h30 sur le pont de Kaina II
La première nuit fut assez médiocre à bord de Kaina II. La pompe à eau du circuit de refroidissement du réfrigérateur fait pas mal de bruit lorsqu’elle se met en marche. Un bruit qui transperce le silence nocturne de notre catamaran dans la baie Faaroa et qui nous a réveillé à plusieurs reprises. Collégialement, nous avons décidé qu’elle serait coupée pour la nuit prochaine. Par contre, le petit déjeuner dans la baie avec le lever du soleil qui arrive dans le cockpit arrière du bateau a été un vrai plaisir. On ne change pas les habitudes… j’ai préparé de bons petits œufs au plat.
Petit bain matinal pour BG et The Artist puis nous descendons l’annexe en suspension à l’arrière du catamaran pour la mettre à l’eau.
L’objectif de ce matin est de remonter la rivière qui se jette au fond de la baie et y explorer la végétation. Tony pilote notre petit pneumatique semi-rigide équipé d’un moteur hors-bord de 6 cv. Nous atteignons rapidement l’embouchure de la seule rivière navigable de Polynésie. Comme toutes les embouchures, la rivière forme un long cône qui se rétrécit au fur et à mesure que nous la remontons.
Tony nous distille quelques informations sur la végétation. Cette rivière a la particularité d’être bordée par des hibiscus qui donnent de magnifiques fleurs jaunes, les pearu, qui fleurissent en matinée d’un jaune intense, brunissant en journée, et des fleurs finissant leur vie, en soirée, en tombant dans la rivière. Le lendemain, de nouvelles fleurs joueront la même saynète quotidienne.
Nous découvrirons aussi le noni, un fruit toxique qui a longtemps été utilisé en Polynésie pour pêcher. Dispersé dans l’eau, il tuait radicalement les poissons et les pêcheurs n’avaient plus qu’à se baisser pour remplir leurs bateaux. Cette technique de pêche est maintenant formellement interdite.
Nous baissons nos têtes pour passer sous les branches qui barrent peu à peu la rivière et entravent notre progression mais c’est le niveau d’eau qui nous contraindra à faire demi-tour au bout de 30 minutes.
Une fois revenus à bord, nous levons l’ancre et partons pour une baignade sur un motu, à l’embouchure de la passe qui fait face à la baie. Des raies grises passent sous le catamaran au moment même où nous mouillons. 1h de pause et de snorkeling autour des patates de corail. Nous repartons avec le souhait de s’amarrer à la bouée de la ferme perlière Champon.
Lors du voyage, un polynésien repère notre catamaran au loin et se rapproche de nous à grands coups de pagaie. Il va essayer de profiter de la vague que nous formons pour voyager « gratis », sans effort. Il va y parvenir et nous le garderons dans le sillage pendant un bon moment. A la vue d’un collègue, il cédera sa place, probablement fatigué des efforts à produire tout de même pour maintenir la pirogue bien alignée afin de surfer efficacement derrière nous.
Sur notre droite, nous égrenons quelques motus alignés les uns après les autres. Maintenant, nous distinguons de plus près cette petite cabane de bois sur pilotis perdue au milieu du lagon. C’est une ferme perlière. Autour d’elle, des bouées matérialisent les emplacements des parcs à huitres, sanctuaire de la production des mythiques perles tahitiennes. Il existe plus de 200 fermes perlières en Polynésie.
Plusieurs petits bateaux à moteurs sont posés aux abords de la barrière de corail. Les pêcheurs sont de sortie. A la palme, masque et tuba ou simplement à la canne depuis leur embarcation. Toute une petite vie qui anime tranquillement le lagon.
Une heure après, nous accostons et profitons du calme de l’anse pour déjeuner. Salades et rosé sont au programme. Le soleil tape si fort que nous sommes contraints de déployer les rideaux extérieurs qui entourent le cockpit arrière du bateau où se trouve la table.
A 13h30, nous accostons avec l’annexe sur le ponton de la ferme. Explications sur la production des perles polynésiennes grâce à une espèce d’huitres endémiques qui donne à la nacre des reflets irisés uniques au monde. Le 21 août approche, Lovely va bientôt prendre une ride de plus et je craque pour un petit souvenir de notre périple dans les îles Sous le Vent…
De retour au catamaran, nous repartons pour le motu Céran où nous avons prévu de passer la nuit. A peine 40 minutes de navigation suffiront à atteindre notre destination.
Une partie du lagon encore plus chouette que le précédent. Il y a déjà plusieurs bateaux au mouillage dans ce coin paradisiaque mais Tony emmènera Kaina II le plus proche possible de l’îlot et nous jetterons l’ancre alors que nous aurons moins de cinquante centimètres d’eau sous les flotteurs. Avec un tirant d’eau de 1,20 mètres, nous mouillons à moins de 2m de profondeur. BG est aux commandes du guideau électrique à l’avant du bateau. En bon moussaillon, il écoute les consignes du capitaine et manipule la télécommande avec dextérité.
L’eau est si belle qu’à peine les moteurs coupés, nous sommes tous à l’eau en plongeant depuis la poutre aluminium à la proue du catamaran. Un joli jump dans une piscine immense… mais sans le goût de chlore dans la bouche !
Nous prenons les palmes, masques et tubas et partons découvrir les coraux qui nous séparent du motu. Une fois de plus, nous voyons des poissons par centaine, de toutes les couleurs et commençons par les reconnaître. Papillons à 2 selles, papillons pyramide, anges peau de citron, idoles maure, balistes picasso, girelles à 3 bandes, demoiselles à 3 tâches, chirurgiens à joue blanche, anges empereur, anges royal, poissons cocher, poissons coffre et même un poisson que nous avons pris pour un scorpion avec ses longues antennes tout autour qui finalement était un Ptérois à rayons, un cousin !
Une heure de snorkeling et nous rentrons au bateau pour une bonne douche d’eau douce. Un short sec et nous décidons de nous poser et de profiter de la fin d’après-midi.
Tony lit dans le trampoline son Lonely Planet Indonésie pour préparer sa route. Départ dans 3 semaines pour lui.
Les garçons remplissent leur carnet dans le carré extérieur et Lovely bouquine aussi à l’arrière.
Pendant ce temps, le soleil se couche derrière Tahaa dans un ciel encore tout dégagé… pur instant de bonheur.
Cela durera jusqu’à ce que la lune monte, à l’opposé, au dessus de Huahine, au loin.
Nous allons préparer notre second diner en mer.
Ce soir, nous dormirons dans le turquoise et nos têtes seront dans les nuages…
Victorinox