Cap sur Bora-Bora...
Dimanche 10 août – 10h, allongé sur le trampoline de Kaina II
Bora-Bora évoque un petit quelque chose à tout le monde. Tout au moins, cette destination nous inspire. Que l’on connaisse ou pas, on imagine tous le sable blanc, les palmiers et l’eau turquoise de son lagon. C’est juste, il y a bien tout ça. Mais ce que nous n’imaginons pas forcément, ce sont les montagnes de l’île. Des montagnes harmonieuses, graduelles, finement découpées et flanquées d’un sommet dont les contreforts plus abrupts forment les vestiges du volcan et retiennent fréquemment un gros nuage. La végétation sur Bora est dense. L’île est en effet entièrement tapissée d’arbres. D’autres petits nuages de beau temps flottent à l’horizon autour de Bora. A leur base, ils prennent des couleurs irisées dans les tons de vert. C’est tout simplement la réverbération du lagon turquoise. Unique.
Cette île de l’archipel de la Société, je l’ai sous les yeux, juste devant moi à environ encore 15 milles nautiques. Je savoure. Je suis allongé sur le trampoline avant, mon ordi sur les genoux et j’écoute une petite musique tahitienne. C’est Brigitte de la maison d’hôtes qui a bien voulu enregistrer sur ma clé une cinquantaine de musiques tahitiennes. Je suis dans l’ambiance. Le ciel est bleu. Le soleil brille et l’air est tiède, un brin humide. La grand voile est hissée et nous avons sorti le génois. La situation me semble évanescente, presque irréelle.
Ce matin, nous nous sommes levés à 6h30. Réveillé depuis 6h, j’ai regardé le soleil se lever depuis le hublot de notre cabine. Sans bouger, juste en levant la tête de l’oreiller, nous avons observé le spectacle avec Lovely.
Un spectacle reposant, sans bruit ou presque. Seuls les clapots caressent la coque et berce le silence du bateau immobile. Un spectacle rassurant aussi car cette nuit, nous avons été soudainement réveillés par le bruit de la pluie sur le pont, au-dessus de nos têtes. Un bon grain. Un tintamarre qui nous fait vite cogiter, surtout la nuit. A-t-on bien tout rentré hier soir ? Comment sera le temps au réveil ? Pourvu que ça ne dure pas…
Coupés du monde extérieur, nous n’avons pas accès aux prévisions météorologiques. Seulement des hypothèses. Heureusement, hier soir, j’avais tendu notre cordelette à linge sous le cockpit arrière et pincé tous les maillots et serviettes. Ce soleil matinal est donc salvateur et augure un beau temps qui semble s’installer à nouveau.
Nous avons levé le camp à 7h30, petit déjeuner englouti, vaisselle faite et rangée, pont nettoyé.
4h de navigation pour rallier Bora-Bora. Le vent n’est pas de la partie ce matin mais juste après avoir levé l’ancre, Tony met le catamaran face au vent et nous quittons le lagon avec la grand voile. Sait-on jamais ? De gros rouleaux s’écrasent sur la barrière de corail de part et d’autre de la passe.
La matinée se déroule tranquillement, chacun à son rythme, chacun à son poste. The Artist écrit son billet sur la visite de la ferme perlière d’hier, BG est assis dans le cockpit et avance son carnet, Charles bouquine à l’avant, Lovely prépare les salades pour ce midi, Tony est à la barre, pilote automatique branché, et lit le livre que j’ai terminé hier pendant que je trie les photos de la veille.
Nous tenterons à deux reprises de couper complètement les moteurs pour voguer à la seule force du vent qui s’est un peu levé mais sans succès. Nous avançons à 7-8 nœuds. Sans les moteurs, nous peinons à faire du 3 nœuds et cela ne nous permettrait pas de profiter du lagon cet après-midi. A priori, dans la passe pour rentrer dans le lagon de Bora, Tony veut nous lâcher en snorkeling pour que nous tentions d’apercevoir des requins pointes noires et des requins citron, plus gros. Les garçons exultent, nous tenterons ! Il est 11 heures et j’aperçois au loin le petit phare qui matérialise la pointe sud-ouest du récif corallien de l’île et bientôt l’entrée de la passe. Nous allons couper les moteurs et entrer dans la passe à la voile uniquement. Je vous abandonne un moment.
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Je reviens vers vous après cette séance de snorkeling…
Nous sommes arrivés sur zone. Nous sommes à l’entrée de l’unique passe qui mène au lagon de Bora-Bora, la passe Teavanui. Tony est resté à bord du cata pour barrer pendant que nous plongeons afin de maintenir le bateau car nous sommes très près du récif corallien.
L’eau est encore plus claire que les jours précédents. Ca semble impossible mais là, on distingue avec précision les coraux à plus de 20 m de fond. C’est un spot fabuleux… Deux autres bateaux de prestataires sont en approche. Sept requins pointe noire tournent autour de nous et nous savons qu’il y a fréquemment des requins citron. Ils sont bien plus gros. Nous palmons tous les cinq et scrutons le fond à leur recherche.
C’est quelques minutes après le départ de The Artist au bateau que nous apercevons d’abord 1 requin citron puis très vite 2 autres, très gros. Je regrette tellement que Lovely ne les voit pas. Elle a accompagné Augustin pendant que je m’occupait de BG. Nous tournerons un bon moment au dessus d’eaux en les suivant. Ils avancent doucement, paisiblement. Pendant ce temps, nous observons de près les requins pointe noire qui restent proche de nous. Et soudain, Lovely se retrouve avec nous. Malgré sa phobie des requins, une fois The Artist déposé au catamaran, elle a refait le chemin inverse pour nous rejoindre sur le spot et a pu suivre avec nous les requins citron. Bravo à elle. Après plus de 40 mn sur le spot, nous palmons vers le catamaran et rejoignons Tony.
Nous entrons maintenant dans la passe et découvrons la splendeur de ce lagon, encore un cran plus beau que les tous ceux que nous avions faits. Des couleurs, sublimes, magiques, surnaturelles…
Nous avons tous envie de plonger dans la piscine géante. Les garçons trépignent d’impatience. Tony avait choisi un mouillage derrière la passe au large de l’îlot Topua. Nous restons là un bon moment pour nager, déjeuner, nager à nouveau. L’envie est trop forte. A peine sortis de l’eau, il faut y retourner. Plonger depuis les plateformes arrière des flotteurs. Plonger depuis la poutre avant du catamaran, le point culminant du bateau… mais plonger toujours.
Repus de bains de mer, nous nous dirigeons en milieu d’après-midi vers le spot de snorkeling prévu par Tony, à la pointe sud de l’îlot Topua, juste au bord d’un tombant au milieu du lagon. Il y a un fort courant et Tony nous embarque dans l’annexe pour nous déposer à la pointe sud et bénéficier du courant pour nous laisser porter. Il nous attendra à l’autre bout avec l’annexe. C’est un jardin de corail magnifique que nous découvrons sous l’eau. Nous verrons de multiples poissons multicolores, des milliers de poissons, plus d’une centaine d’espèces, une variété qui nous laissera bouche bée dans notre tuba !!
Nous remontons dans l’annexe, rejoignons Kania II et filons vers le mouillage prévu pour la nuit.
Arrivés sur place, même si l’endroit était superbe, nous demandons finalement à Tony de nous reconduire vers le spot de l’îlot Topua dans lequel nous avions mouillé pour le déjeuner, à 15 mn de navigation. Nous avions craqué tout à l’heure et c’est à nouveau le cas en arrivant.
Nous préparons un super apéritif avec petits gâteaux et la bière Hinano qui est devenue une habitude.
Il n’y a plus aucun nuage dans le ciel. Le soleil va bientôt passer sous la ligne d’horizon, plonger dans le Pacifique. Nous prenons notre bière à la main et grimpons sur le toit de l’habitacle du catamaran pour suivre le spectacle. Nous nous asseyons, laissons le temps s’égrainer et apprécions.
Ce sera le plus beau coucher de soleil jamais vu depuis le début. Ca y est, nous sommes à Bora-Bora…
Victorinox