Toujours éblouis par Rapa Nui
Le téléphone sonne. Il est 6h30. C’est la même heure que pour aller au bureau. Mais aujourd’hui, ce ne sera pas pour le bureau mais pour aller voir le lever du soleil sur les 15 Maoi de Tongariki… c’est plutôt mieux !
A 7h30, nous quittons le bungalow et déjà, à l’est, le ciel s’éclaircie. Après 10mn de route, le ciel est en feu. Un feu multicolore qui vire même au violacé…
Je malmène un peu le Jimny pour tenter d’arriver à temps… l’essentiel étant de ne pas se prendre une vache ou un cheval qui sont très nombreux à vivre en liberté sur l’île.
Nous arriverons presque 10 mn trop tard, les couleurs sont moins marquées qu’en route mais c’est très spectaculaire et un peu surréaliste, mystérieux… mystique même. Nous attendrons ici jusqu’au lever du soleil, derrière le volcan Poike, le troisième volcan primaire de l’île. L’éclairage est encore différent, les couleurs changent. Nous aurons ainsi bénéficié de toutes les luminosités sur ce site majestueux de Tongariki, du lever du jour, du soleil et lorsqu’il est au zénith. On ne s’en lasse pas.
A 8h45, nous quittons les 15 Moai et nous dirigeons vers le site archéologique Rano Raraku, un volcan, appelé aussi la nurserie, car c’est la carrière de tuf où les Moai étaient travaillés. Le parc national n’ouvre qu’à 9h et nous attendons sagement devant l’entrée. Lovely et moi buvons un petit thé que nous avions préparé dans un thermos et les garçons jouent au foot sur la route déserte.
D’abord, nous choisissons de nous diriger au sommet du volcan où l’on découvre une vue à 360 degrés absolument saisissante. Dans le cratère, il y a un petit lac miroitant et une vingtaine de Moai debout. Lovely médite…
Nous montons au sommet du cratère et de là, nous dominons la côte du Pacifique au loin précédé par de larges étendues herbeuses. Les paysages sont maginifiques et même les chiens locaux restent encore ébahis.
Nous suivons ensuite l’itinéraire qui nous mène sur les contreforts du volcan. Ce sont de grandes falaises rocheuses, abruptes et déjà bien entaillées à leurs bases. C’est ici que les rapanui sculptaient directement les Moai dans la roche.
Hormis la présence de 2 autres visiteurs, nous sommes seuls à cette heure matinale. Nous nous sentons transportés à l’époque des premiers Polynésiens lorsqu’on passe au milieu des géants abandonnés içi et là sur les pentes sud du volcan, à tous les stades de fabrication. C’est magique.
Si la destruction de Moai dressés sur les Ahu a été importante à la fin du XVIIème siècle à cause des guerres tribales pour l’appropriation des ressources et des terres de l’île, les catastrophes naturelles notamment les tremblements de terre et tsunamis ont aussi été à l’origine de la destruction d’un certain nombre d’entre eux.
C’est la raison pour laquelle, sur l’île, nous n’en croisons pas autant que nous le pensions. Mais ici, c’est une toute autre sensation. Il y a des Moai partout.
Beaucoup sont dressés et partiellement enfouis. D’autres sont couchés, intacts, comme s’ils étaient prêts à être acheminés près du Pacifique pour leur résidence finale. D’autres, enfin, ne sont pas encore excavés et leur taille semble avoir été abandonnée soudainement comme si une catastrophe brutale et inattendue avait à jamais stoppé net leur destinée.
Allez, assez de culture pour ce matin, les garçons souhaitent se baigner. Nous sommes à 5mn de la plage d’Anakena, de son sable fin et… de ses rouleaux. En route, nous nous arrêterons au Ahu Te Pito Kura près de la bahia de La Pérouse, nom de l’explorateur français qui arriva sur l’île en 1788. Ce Moai, gisant face contre terre avec le cou brisé, mesure 10m de long. C’est le plus grand Moai jamais déplacé depuis Ranu Raraku et érigé sur un Ahu. Nous croiserons un pécheur au lancé posté au bord de la baie. Belle technique de pêche avec un matériel sommaire. Du fil simplement entouré sur une boite de conserve avec 2 hameçons et des morceaux de poulet. Beau résultat.
Nous garons maintenant le Jimny devant la plage, empruntant le petit cheminement de bois. Nous croisons Martin un jeune étudiant en médecine à Lille parti pour 2 mois et que nous avions croisé à Valparaiso. Nous discutons un moment et il s’avère qu’il a fait le Canyon del Colca avec Anabelle et Philipine, les étudiantes avec lesquelles nous avions traversé le Salar de Uyuni !! Coïncidence. Et comme une coïncidence peut en cacher une autre, nous croiserons aussi le jeune couple du Mans qui avait pris le petit déjeuner à côté de nous, à Rurrenabaque, aux portes de la jungle. Le monde est tout petit !!
Les garçons se changent à vitesse grand V et courent dans l’eau. Sa température doit être d’environ 22° et nous restons un moment, entre mecs, à faire un concours dans les vagues. C’est à celui qui ira le plus loin possible en surfant sur les vagues. Vite une autre, nous courrons sans cesse à faire des allers-retours. Je suis épuisé. Je me retourne et regarde Lovely sur la plage au soleil. A sa droite, 5 Moai sont érigés. 4 portent une coiffe cylindrique en tuff rouge. Entre eux et moi, le sable blanc. Autour de moi, de l’eau cristalline. Que fait-on ici ? Je ne sais plus mais ce qui est certain c’est qu’on en profite !
Et puisque je commencai mon petit mot en parlant du bureau (et que je sais que je suis lu par beaucoup de membres de la tribu Mobilis), j’en profite pour féliciter toutes les équipes qui se sont démenées pour gagner un gros marché chez Auchan… dans tous les pays du monde ! J’ai appris cette bonne nouvelle ce matin et ce midi, dans l’unique petit resto de la plage, ce sera « tournée générale » pour la tribu des 54321go. Maxi bravo à vous pour ce très chouette succès !!... Je commence à me demander si je dois revenir un jour au bureau ??
Victorinox et Lovely sur la plage d’Anakena