La ruée vers l’or… !!
Vendredi 11 juillet - Depuis ce matin, nous sommes un peu chez nous. Faute de disponibilités pour les nuits suivantes dans le charmant petit hôtel dans lequel nous avons passé la nuit, nous avons dû trouver autre chose…
Et comme il n’y a pas beaucoup d’hôtels disponibles dans cette petite ville, l’hôtelier, un argentin charmant encore, nous a trouvé une petite maison en ville à louer. Pour faire un peu le break et nous poser, nous avons donc décidé d’y rester 3 nuits, jusqu’à lundi matin. Elle est grande avec 3 chambres, un immense salon, une belle cuisine, le tout un peu kitch, certes, mais avec une petite terrasse clos de murs… et un barbecue !! Je n’imaginais pas avant à quel point la vision d’un simple barbecue pouvait procurer ce type de satisfaction rien qu’à l’idée de la viande grillée que nous pourrions préparer avec lui. Hum…
Une fois la wifi captée, le fonctionnement du four à gaz découvert, le chauffage réparé, la terrasse installée et nos affaires rangées, nous sommes allés faire des emplettes pour notre pique nique de ce midi, pour le bon dîner de ce soir mais aussi pour le maxi petit déjeuner dont nous rêvions pour demain matin.
En nous arrêtant en ville à la recherche d’une laverie, un commerçant argentin, nous voyant chercher depuis la voiture, sort de sa boutique et vient nous demander s’il peut nous aider. Adorable, comme tous les autres. Il m’emmène voir la laverie et je finis dans son épicerie fine. Il est bavard et m’offre des raisins secs, des noix et me précise qu’il possède une radio. Aussitôt, il sort un enregistreur et m’interviewe sur le football, la France, Michel Platini et Charles de Gaulle… le tout en castillan, forcément. Imaginez seulement la qualité des réponses. Du petit nègre espagnol mais j’ai bien rigolé. Nous avons fini près de la voiture et voyant que Charles parlait beaucoup mieux que moi, c’est lui qui finit l’interview. Il nous dit que nous passerons sur les antennes radio demain entre 9h et 10h sur 103.3 FM…
Après tout cela, direction les pépites !! Nous avons en effet lu qu’à Chilecito existait la plus longue installation au monde de transport par câble. Un téléphérique de 35 kms de long construit jusqu’à la mine « La Mexicaine ». Il est composé de 3 stations intermédiaires et permettait, à l’époque, de transporter hommes et minerais de la mine jusqu’à Chilecito. Il n’est aujourd’hui plus en activité et la mine est fermée… et s’il restait de l’or à proximité de la mine ? Ca, c’est l’expédition rêvée que nous voulions faire aujourd’hui.
Nous passons d’abord voir la gare de départ du « Cable Carril ». A côté, un petit musée rappelle les grands moments de la mine et de ce transport dont les locaux sont très fiers. En voyant les poulies, les roues et autres galets, je me suis cru dans le garage de notre société de remontées mécaniques « Les Portes du Mont-Blanc » mais à une autre époque… les garçons se croyaient, eux, au train de la mine de Disneyland !!
Maintenant, direction les chemins de pierre pour tenter de rejoindre la mine. Traversée de Londres… en Argentine.
Il est 10h45 et la piste est agréable. Une seule crainte. Nous ‘avons pas refait le plein du Duster et nous ne connaissons pas bien la jauge du véhicule et donc l’autonomie. Il restait 4 barrettes lumineuses au compteur sur 9 puis nous sommes passés à 3 dans l’ascension de la piste. Nous sommes dans la montagne. Le GPS indique une altitude de 2 600m. Un petit panneau nous impose de prendre à gauche pour la « Mina del Oro ». Pas d’indication de distance. Rien sur les plans, pas davantage sur le GPS. Après 15mn de piste, la jauge passe à 2 barrettes… On hésite à faire demi-tour. Mais il y a les pépites… la piste est beaucoup plus périlleuse maintenant et nous roulons au pas, franchissant quelques petits « rio » et évitant les pierres. La pente aussi est plus raide. Le Duster, en première, peine sur les chemins. Surtout dans le franchissement des épingles à cheveux. Il y a du vide sur les côtés. Nous rigolons mais ne sommes pas si fiers et Lovely dit en souriant « Si nos mères nous voyaient là… ».
Finalement, nous atteignons un hangar posé sur le bord du chemin. Il y a un rio plus large qui traverse le chemin juste devant nous. L’eau est trouble et ocre. Sur le bord, une pancarte indique l’interdiction d’aller plus loin et avertit que la mine se trouve maintenant à 4 kms. Nous sommes proches du but. Il est 13h et nous garons notre Duster (d’ailleurs dans un état de saleté déconcertante après ces premiers jours de pistes) à côté du dépôt. Nous tentons de franchir le rio à pied lorsqu’un homme, 2 lacets plus haut, nous indique que nous pouvons passer avec la voiture. Nous n’hésitons pas trop. Arrivés à son niveau, nous coupons le moteur et descendons discuter avec lui. Il a l’air sympa et nous propose de venir dans sa petite ferme boire un maté (boisson chaude).
Nous refusons gentiment, faute de temps et nous interrogeons sur la présence de cette petite ferme complètement perdue. Et ce fermier. De quoi vit-il ? Que fait-il là toute la journée ?
Il nous informe que le chemin sera plus escarpé et plus raide encore mais que nous pourrons aller à la mine en véhicule. Le Duster lui semble suffisant pour franchir les pierres et rouler sur les nombreuses plaques de glace que nous croiserons. A priori, nous allons traverser le rio et après le chemin devrait être plus praticable. Il nous pousse à y aller et nous lui faisons confiance. Il faut traverser sa ferme… et la première grosse plaque de glace couvrant tout le chemin sur plus de 30m. Il nous ouvre la barrière qui barre le chemin et nous roulons entre ses cochons et partons confiants vers la mine.
Après seulement 200m de chemin très caillouteux, nous sommes au sommet d’une descente raide. Trop raide à mon avis pour que le Duster ne puisse le remonter au retour. Hésitation, discussion puis décision de tenter un demi-tour sur le chemin étroit… avec le vide juste au bord. Action un peu périlleuse et stressante mais après que les gars aient poussé bon nombre de pierres, nous réussissons notre manœuvre et stoppons le Duster sur le bas côté.
Impossible d’abandonner ici, à moins de 4kms du but. Nous prenons notre pique-nique, nos couteaux et une bouteille d’eau et décidons de continuer à pied. Très vite, nous retombons sur le rio avec son eau ocre. Il est ourlé de glace de part et d’autre de son lit.
Il fait froid à l’ombre. Il y a beaucoup de pierres aussi dans la rivière. Nous la traversons difficilement à pied puis décidons de nous arrêter pour casser la croûte. Nous abandonnerons nos réserves de nourriture pour nous balader plus léger. Nous les récupérerons en redescendant…
Les pluies abondantes du printemps ont dû effacer le chemin carrossable et il est donc difficile de trouver le tracé dans ce fourbi. Jamais nous n’aurions pu franchir ces passages et ces obstacles avec notre Duster et nous comprenons vite que les prévisions du fermier étaient complètement insensées.
Pourquoi nous a-t-il indiqué que le chemin était praticable ?
Tout en marchant et avec le sourire jaune, nous imaginons le scénario du fermier dément qui fait tout pour que notre famille ne revienne pas de la mine. Et s’il crevait les pneus du Duster… ? Et s’il faisait disparaître nos corps en les donnant aux cochons dont on sait qu’ils mangent tout ? Et s’il ressemblait à « Anton », l’ermite fou dans le super film « Vertige » ou 5 randonneurs ne reviendrons jamais… Nos têtes gambergent et nous nous racontons les pires scénarii... mais en espérant tout de même retrouver notre voiture au retour. Pourvu que cela ne soit que fantastique.
Ce rio est décidément compliqué. Nous devons sans cesse traverser et retraverser son lit de 5 à 10m de large. Et à chaque fois, c’est le même scénario. Il faut repérer l’endroit du rio le plus resserré, choisir le passage possible, trouver des pierres, faire la chaine pour nous les passer de mains en mains et enfin tenter de les placer judicieusement dans le lit de la rivière pour nous construire un petit passage. Puis il faut sauter d’îlot en îlot sans tomber.
Moi, je reste souvent au milieu pour aider « BG » à passer sur le suivant. Sur chaque berge, la glace est plus où moins stable. Elle forme des ponts, parfois des surplombs précaires sur l’eau qui circule abondamment dessous. Nous hésitons souvent et pour la prise d’appui nécessaire pour bondir sur nos îlots, il y a plus stable que la glace !!
La température de l’eau est forcément très froide. Pour plus de sureté, nous jetons les affaires, la bouteille d’eau et l’appareil photo au premier qui a réussi à l’atteindre l’autre berge.
Puis enfin, nous sortons du lit de la rivière et rejoignons le chemin carrossable. Ouf ! Après une heure de marche, nous distinguons, à la même altitude que nous, les bâtiments qui marquent l’entrée de la mine. Nous sommes à moins de 10mn à pied. A nous les pépites !!
Malheureusement, juste derrière cette petite épingle, le chemin plonge à nouveau vers la rivière sur une pente si raide que même avec un Duster 4 X 4, la montée eut été impraticable. Et surtout, en arrivant dans le lit du Rio, le cheminement devient impossible. Il nous faut recommencer à reconstruire des passerelles de pierre. Nous sommes dorénavant dans le canyon formé par ce cours d’eau et les passages possibles deviennent de plus en plus rares. La rivière ressemble maintenant à une gorge escarpée avec des parois rocheuses de chaque côté.
Pour rester sur la même berge, nous longeons les hauts rochers lisses en mettant nos pieds sur les quelques pierres qui sont ça et là, à leurs bases. Nos mains sont en appui sur les parois. Nous progressons prudemment et lentement, tous en file, les uns après les autres.
Plus loin, nous tentons encore une traversée avec l’espoir que c’est le dernier passage avant de retrouver le chemin carrossable qui nous mènerait à la mine. Les constructions de l’entrée de la mine sont juste au dessus de nous. Mais malheureusement, nous devons nous rendre à l’évidence que notre progression est impossible. L’eau occupe maintenant tout le lit de la rivière. Ultime tentative pour ne pas renoncer si près du but, si près des pépites, si près de la fortune (!!).
A force d’aider et de chercher les passages, mes chaussures sont trempées. Le canyon, à l’abri du soleil, est froid. « BG », qui était ravi de jouer Indiana Jones à la recherche des pépites, devient soudain plus timoré. Il a un peu peur dans ce canyon glacé et il se rend bien compte de notre échec. Il nous faut malheureusement rebrousser chemin. Adieu les pépites, adieu la fortune ( !!) Trois larmes coulent sur les joues de Gautier et une motivation expresse s’impose ! En effet, malgré l’échec, le retour jusqu’au Duster ne sera pas aisé… en espérant que les pneus ne seront pas crevés et que la réserve d’essence sera suffisante pour rentrer à Chilecito avant la tombée de la nuit.
2h pendant lesquelles nous chercherons les passages et îlots réalisés lors de notre progression vers la mine. Nous récupérons nos sacs de nourriture puis rejoignons enfin la voiture. Les pneus ne sont pas crevés ! Nous arrivons à la ferme et « Anton » est là, dehors, scrutant des cabris dans la montagne. Nous hésitons mais finalement décidons de nous arrêter pour lui raconter les épreuves vécues cet après-midi. Nous finirons par lui acheter un pot de miel qu’il produit.
Nous arriverons à Chilecito le soir, à la tombée de la nuit. Sans pépite… avec un pot de miel qui n’est même pas doré mais tout de même avec des trésors plein la tête.
Victorinox