En route sur la RN 40 !
La RN40 est LA nationale argentine. Elle fait plus de 5 100 km, commençant en Patagonie au niveau de la mer, traversant 20 parcs nationaux, 18 cours d'eau importants, relie 27 cols andins et monte jusqu'à un peu plus de 5 000 mètres d'altitude au niveau du col d'Abra del Acay. Nous, nous l’avons prise à Salta. 185 kms jusqu’à Cachi le premier jour puis 245 kms jusqu’à Cafayate.
Pour les argentins que nous croisons, la N40 est la route la plus représentative de leur pays, tant les paysages traversés sont sublimes.
Ce matin, nous la reprenons. Le plein est nécessaire dans la seule station service de la ville car nous ne savons pas encore où nous ferons étape ce soir. C’est à nouveau l’autre demi-finale de la coupe du monde qui imposera notre escale du jour.
300 pesos de super dans le Duster et nous remontons 17 kms au nord pour aller voir les terres rouges de « Quebrada de Cafayate ». Nous y sommes à 9h30 et marcherons dans ce dédale de formations géologiques qui, façonnées par le vent et les pluies abondantes de janvier et février, prennent des formes étranges et surprenantes.
À 10h30, nous traversons à nouveau Cafayate et reprenons la N40 vers le Sud.
Les vignes sont omniprésentes sur des hectares autour de nous. Beaucoup de bodegas mais comme nous sommes en voiture et pas à vélo, ça signifie… pas de dégustation ce matin !
Même si nous n’avons pas croisé beaucoup de gendarmes, notre bonne conscience matinale nous dictera de continuer notre chemin !!
Le ciel est tout bleu. Pas de traces ce matin de nuages élevés pouvant venir atténuer ce beau temps. Les couleurs sont magnifiées par l’éclairage du soleil matinal. La vallée est plane. Nous sommes à 1 850m d’altitude. La nationale est goudronnée. Sur notre gauche, un paysan laboure son champ avec son cheval, on se croirait il y a quelques décennies en arrière.
Après 40 kms parcourus, le macadam fait place à la piste. Rebelote. Nous traversons de tous petits villages ou plus exactement de petits hameaux de quelques âmes. Les maisons sont en briques d’adobe. Partout les drapeaux argentins sont de sortie. Vous pensez que c’est pour le match de ce soir à 17h ? Peut-être aussi mais surtout parce qu’aujourd’hui, c’est l’anniversaire de l’indépendance de l’Argentine !!
Une fois encore, nous sommes quasiment seuls sur cette nationale… sur cette piste. Derrière nous, la poussière forme une longue trainée qui met du temps à se dissiper, faute de vent.
Parfois, nous traversons des « Rio » et le Duster prend un coup de karcher naturel.
Après avoir traversé le village de Santa Maria, le paysage plat de cette vallée nous fait penser à la steppe. Quelques buissons et un tapis d’herbes toutes jaunes. Beaucoup de moutons paissent ici en liberté. La route est droite. Toute droite sur des kilomètres devant nous. Pendant 40 kms, nous ne croiserons que des moutons, des vaches et quelques carcasses d’animaux… il n’y a pas âme qui vive dans ce désert ! La route nous a doucement amené à 3300 m d’altitude. Et maintenant, tranquillement, sans virage, nous redescendons.
Enfin, un petit village, Hualfin. Il est 13h30 et nous espérons trouver une épicerie ouverte ou une boulangerie locale histoire de faire des provisions pour ce midi. Malheureusement tout est fermé, c’est la fête nationale !! En posant la question à de jeunes femmes, nous finirons au domicile d’un épicier qui nous ouvrira sa boutique. Discussion autour des préparatifs du match de ce soir, de la fête et nous voilà prêts pour notre pique-nique.
Les argentins sont sympathiques, accueillants, chaleureux et toujours très souriants !! Ils aiment vous montrer leur gentillesse et une poignée de main ou une accolade est souvent de rigueur après avoir un peu discuté.
Après quelques kilomètres, nous trouverons un petit endroit pour déjeuner tout près du Rio Santa Maria avec la vue sur les sommets enneigés. Rapidement car nous avons encore un peu route, pas d’hôtel pour ce soir et l’heure du match approche.
A 15h, nous traversons une petite chaine de montagnes, à quelques kilomètres de Belen, dans la province du Tucuman. La route tourne et la montagne est toute proche de nous, de part et d’autre de la route goudronnée. Ce ne sont pas les gorges de l’Arly mais la route nous y fait penser.
Après 290 kms parcourus depuis ce matin, nous arrivons à l’entrée de Belen… petite pensée pour leur cousine Beleyme, les gars bricolent le panneau d’entrée de l’agglomération pour une photo souvenir.
Nous trouverons un petit hôtel bon marché dans le petit cœur de cette ville « morte » à cette heure.
Nous déposerons rapidement ns bagages et filerons sur la place de Belen pour tenter de trouver un bar pour le match Argentine-Hollande. Ce sera chose faîte dans un troquet (… ou boui-boui) pas très clean mais rempli d’argentins. Ils me regardent un peu bizarrement avec Gautier car avec nos doudounes orange, ils pensent que nous sommes hollandais ! Nous laissons planer le doute et rigolons bien en les voyant s’échanger des messages à voix basse. Plus le match avance, plus la pression envahit le bar. La séance de tirs au but sera fatale pour les hollandais mais laissera exploser des cris de joie et de bonheur à chaque penalty argentin transformé ! Le dernier et c’est tout un pays qui exulte. Cette ville qui était déserte il y a encore 10mn est soudain submergée de monde. C’est le délire. Notre voiture est garé devant le bar alors nous décidons de participer et nous mêlons au défilé. Les klaxons retentissent de toutes parts. Des jeunes jouent de la grosse caisse sur le trottoir. Tous les jeunes de la ville sont sortis sur leur scooter, mobylette et autre motos. Sans casque, ils boivent en roulant et chantent à tue tête. C’est l’embouteillage général. Certains, qui avaient bien anticipé la victoire roulent avec des pick-up chargés d’énormes enceintes à l’arrière qui délivre une musique puissante.
En plein milieu de la N40, à Belen, c’est la fête nationale dans tous les sens du terme !!
Victorinox