On en a plein les bottes mais quel pied !
Je profite des 6h de la route retour en bus de Cabanaconde à Arequipa pour vous débriefer de notre périple dans la Canyon del Colca.
Pour le clin d’œil (et ceux qui ont vécu le voyage aller héroïque lors du message précédent), le départ se passe comme l’arrivée à l’aller : mémorable !
Le bus est encore plus ancien que celui de mardi…. Et l’empattement des roues est très étroit par rapport à la caisse, j’imagine déjà les virages là-haut dans le chemin défoncé et doute sur la tenue de route du bus… On verra bien, il faut y aller. Le bus se remplit, tout le monde s’assied, parfait !… et 2mn avant le départ, une quantité impressionnante de personnes montent dans le bus qui doit ainsi doubler sa capacité autorisée ! Ils sont tous debout, très serrés dans l’allée. Nous sommes tassés dans ce bus et sortant mon Mac pour vous raconter, les locaux sont forcément épatés de voir un « laptop ». Ils me demandent de mettre la musique… et finalement on regarde ensemble, sur les premiers kilomètres, une grosses partie de nos photos au Pérou où ils découvrent leur pays et, avec mon niveau d’espagnol, cela devient un jeu d’apprentissage de la langue. Ils descendent au bout de quelques kilomètres : adios los amigos… ils ont été des amis d’un moment… sympa !
Bon, allez, revenons à notre arrivée à Cabanaconde.
L’hôtel de Lovely Planet est très sympa. 5 petits bungalows accolés. Nous en occupons 2. Dîner dans un petit resto très rustique, très local mais tellement authentique. Menu à 15 Soles (moins de 5€) avec soupe de quinoa et légumes puis spaghettis "con albahaca".
Nous y rencontrons 2 jeunes français qui travaillent là et fêtent leur 1ère année au Pérou… Romain & Yohann qui sont là avec leur van VW, dreads et tout ce qui va avec. Yohann porte une veste de l’ESF de Courchevel, la discussion dure un moment.
Arrivée à l’hôtel, nous sortons les vêtements chauds pour la première fois car la température extérieure est très basse. Probablement moins de 5° et les bungalows sont précaires. Pas d’isolation et moins de 15° à l’intérieur. Une fois équipés, nous partons à la chasse aux grosses araignées dans le bungalow des garçons après en avoir trouvé une très grosse… ils s’endormiront avec la frousse d’en sentir une sur eux la nuit… mais tout se passera bien !
Après le lever à 7h, nous attaquons la descente dans le canyon à 8h. Le soleil est déjà bien présent. Le chemin ressemble à un pierrier et à mi-parcours, nous avons en visuel ce petit paradis que nous avions relevé dans les guides. Une oasis au fond du canyon. Avec 2 piscines naturelles !!
Après plus de 2h de descente avec « The Artist » (alias Augustin) et le « BG » (alias Gautier) aux pôles positions, nous atteignons cette pépite que nous n’imaginions pas aussi belle. Nous avons dégringolé de plus de 1 000 m dans un chemin très escarpé, raide, avec environ 30% de marches hautes et sous une température qui augmentait plus nous descendions au fond du canyon… et plus l’heure avançait.
Nous accusons un peu le coup, commençons à nous rendre compte que la remontée sera délicate et probablement épuisante. Nous calculons que 2h de descente se transformeront probablement en 3h ou 3h30 de montée… Il est 10h30. Donc départ dernier délai à 14h pour arriver à l'hôtel avant la nuit et le froid.
Et là, comme pour nous remercier de nos efforts, nous tombons sur un petit lodge rustique qui ressemble au paradis avec sa piscine naturelle qui est remplie tous les matins. Aussitôt, nous demandons le prix du menu… 15 soles aussi et ça nous donne accès à la piscine. Les garçons sont comme des dingues et, montre en main, il aura fallu moins de 5 mn pour que nous soyons tous dans l’eau !!
3h30 fabuleuses durant lesquelles nous avons, avant le déjeuner, rejoint le lit de la rivière, le Rio Colca.
Puis, nous déjeunons à l’ombre d’un palmier. Un soupe de légume délicieuse.
Malheureusement, les bonnes choses ont une fin et il faut partir. Le soleil cogne fort. Il fait plus de 40° au fond du canyon. Sacs sur le dos, nous démarrons. « The Artist » et « BG » partent vite, comme d’habitude, mais peut-être un peu trop vite… Après 45 mn d’ascension, car on peut parler d’ascension, Gogo le « BG » craque. Il s’arrête, s’assied sur une pierre et nous dit qu’il n’y arrivera pas. Il verse quelques larmes.
Avec LP, on s’interroge. Je parle avec Gogo. Je lui prends son sac. Puis je fais la locomotive, le tirant pendant 30 mn mais imposant ainsi un rythme plus lent, l’imposant par la même à tout le monde. Il serre les dents et finalement la roue tourne. Les forces lui reviennent. Plus personne ne parle depuis un moment. Chacun est concentré sur l’endroit où il va poser ses chaussures dans ce chemin qui est un vrai pierrier. C’est long. Et l’altitude se fait sentir. La chaleur aussi qui, à cette heure, monte du canyon. Heureusement un petit vent circule et nous rafraichit. En fait, il nous rafraîchît mais il nous assèche la gorge. La poussière aussi. Les réserves d’eau descendent vite. Et l’eau devenue chaude dans les sacs ne semble plus produire d’effet. A mi-parcours, une pause s’impose pour grignoter les mandarines achetées la veille. Un vrai bonheur. Et c’est reparti !
Juste avant d’atteindre le sommet, « The Artist » voit un condor au-dessus de sa tête… Ce canyon est leur territoire. Il siffle. Il se force en sifflant à émettre des sons similaires aux cris des rapaces. Et soudain, ce n’est plus un mais deux, trois, quatre, puis finalement une dizaine de condors que nous verrons planer au-dessus de nous. Merci Augustin pour tes talents d’imitateur de condor. Ca nous a redonné un tonus d’enfer pour finir les derniers lacets et nous arrivons enfin… le « BG » en tête… comme au Machu Picchu !! Il est usé mais c'est le Dieu de la journée !
Nous arrivons à l’hôtel cuits mais ravis. Les visages sont rouges, les mines de chacun sont déconfites et révèlent une fatigue saine mais nous avons chacun un petit sourire en coin, comme un satisfecit d’avoir fait cet aller retour dans la journée !
Une bonne douche et Lovely nous trouve dans ces guides un petit resto bien authentique dans ce village de Cabanaconde où nous avons l’impression d’être transportés 50 ans en arrière. Ruelles en terre battue. Petites maisons de pierre pour certaines ou en « briques » de terre pour d’autres. Partout une tôle ondulée fait office de porte d’entrée. 500 âmes qui ne vivent que de l’agriculture et du commerce dans ce petit village niché à 3 284m d’altitude.
Le guide du routard préconise les pizzas maison cuites au feu de bois. Nous en rêvons déjà ! Le lieu est magique. C’est juste comme cela que nous l’imaginions. Avec des matériaux récupérés ça et là, l’aubergiste a créé une ambiance inédite. Nous passons d’abord au bar, orange pressée, limonade maison aux citrons verts et bouteille de vin. La soirée, comme la journée, aura été top. Charles dira durant le dîner que c’est « sa plus belle journée depuis le départ » mieux encore que le sand boarding sur les dunes de Huacachina !
Le couteau suisse