Samedi 27 septembre – A la table du NZSki Restaurant, sur le front de neige du Mont Hutt…

Ce matin, une ambiance de joie flotte autour de la table du petit déjeuner à l’appartement. Les garçons se sont levés en moins de deux à 7 heures pour s’équiper avec leurs sous-vêtements de ski. Ils ont la banane et nous rigolons de les voir ainsi affubler… on se croirait le matin au chalet, les jours d’entrainement de ski.

Le plafond est gris laissant entre passer en filigrane quelques longues et fines bandelettes de ciel bleu. Pas si mal finalement. Après, un petit déjeuner complet mais express, les voilà équipés plus vite que pour aller au lycée, au collège ou à l’école… sans même que nous ayons à répéter à maintes reprises les consignes habituelles. Finalement, ce sont eux qui nous attendent devant la voiture !

Ma cheville va plutôt bien. La nuit fut moins entre coupée par les sensations de picotement et, si elle n’a pas désenflé, je marche plus facilement. Pas d’emballement pour autant, je m’oblige à respecter mon « RICE » !

24 kilomètres pour arriver au pied du domaine qui ressemble plus à un camp de base qu’à un front de neige comme nous les connaissons chez nous. Mais quelle route ! Après les 12 premiers kilomètres dans la plaine sur une route goudronnée avec les montagnes qui se rapprochent...

...nous bifurquons à droite pour attaquer la montée et là… plus de goudron ! Une route qui ressemble plutôt à un chemin de montagne de chez nous mais où les voitures et les bus circulent dans un brouillard de poussière. The Artist dit « C’est reparti pour le Dakar comme en Argentine » !! Et il a raison, on s’y croirait. Sauf que nous ne faisons moins les kakous sur la route car elle est très raide, avec des portions autrement plus abruptes que la route de la Cry, et surtout… sans aucune barrière de protection latérale malgré un précipice qui nous semble gigantesque !! C’est une route taillée en balcon à flanc de montagne avec quelques lacets mais assez peu d’épingles comparativement à la distance parcourue. J’imagine les ascensions après une chute de neige et le nombre d’incidents - pour ne pas dire d’accidents – qui doivent se produire, notamment à la descente. Probablement que l’absence de revêtement bitumineux et la présence de cailloux doivent finalement être d’un grand secours pour les automobilistes et l’adhérence de leurs véhicules. J’ai tout de même du mal à imaginer une route d’accès à nos pistes dans cet état sans que cela ne déclenche une révolution de nos hivernants… et probablement de nous tous !! 

La vue sur la plaine est fabuleuse. Même avec le ciel plombé et le manque d’éclairage, les quelques rayons illuminent des prairies d’un vert profond et mettent en valeur les hautes haies de sapins qui les morcellent.

Progressivement, nous apercevons les monts enneigés, puis distinguons de mieux en mieux les pistes et les 3 seuls télésièges de la station.

La température monte dans la voiture et les garçons ont le sourire jusqu’aux oreilles lorsque nous arrivons sur l’immense parking du front de neige. Trois gardiens règlent avec précision notre emplacement et nous font signe que nous sommes bien rangés. Ils nous informent que la route sera coupée dans les deux sens pendant deux heures en début d’après-midi car une course de VTT est organisée… ce n’est pas la MB Race mais on s’en rapproche !

Les garçons s’équipent et nous nous dirigeons vers le gros porteur du départ, un POMA débrayable 6 places d’une vingtaine d’années. Une photo et hop, on ne les tient plus, ils filent !

Nous les attendons au pied de l’installation pour leurs premières impressions recueillies rapidement et ils repartent. Ils sont ravis, les carres de leurs skis leur semblent insuffisamment affûtées mais fichtre, ils sont heureux, seuls et libres. C’est le paradis !

Dans l’unique bar du front de neige, nous pensons bien à eux. Bruce Springsteen en fond musical, des tôles ondulées plaquées sur le petit bar, des tables hautes avec les plateaux taillés dans de grosses billes de bois, un sol recouvert de dalles de moquette brune et rase posées en quinconce, une cheminée en pierre où de petites bûches fumantes et dépassant à peine d’un amas de cendres dégagent des fragrances qui nous rappellent nos montagnes…

Ce restaurant est un savoureux mélange de refuge d’altitude des années 80 et de petit troquet de montagne. Finalement assez authentique. Petit café expresso "comme chez nous" pour moi et thé pour Lovely, nous profitons du wifi gratuit, enfin (!!), pour utiliser profitablement les heures d’attente en travaillant sur nos prochaines étapes et en validant quelques réservations pour l’arrivée prochaine de nos amis les Salmon, lorsque nous serons dans l’ile du nord !

A 11 heures 30, les garçons nous rejoignent au resto pour une pause déjeuner et nous livrent leurs impressions.

La neige est bonne pour une fin de saison, il y a un chouette snow park, les pentes sont raides et ils ont retrouvé leurs sensations rapidement. The Artist ne souffre pas de son genou… le top quoi ! Déjeuner tous les cinq sur la table haute avec soupe pour The Artist, pizzas pour les deux autres et « Chicken Brie and Cranberry Baguette » pour nous… et oui, tout cela forcément accompagné d’une petite bouteille de Shiraz - impossible de vous la cacher - elle est sur la photo !

Les garçons repartent pour une heure de ski et prendrons quelques photos de là-haut...

A 13h, nous redescendons juste avant la fermeture de la route pour la course de VTT. Nouveau bain de poussière et notre Hyundai ressemble maintenant à un véhicule loué depuis plus d’un mois !! Et toujours autant d'interrogations sur l'état de cette route en plein hiver...

Les garçons sont ravis et se mettent à leur carnet de voyage puis à leurs devoirs dès notre retour à l’appartement. Lovely et moi partirons un moment pour louer du matériel car demain, nous avons envie de tester ce petit domaine. Le soleil devrait revenir alors nous en profiterons.

Nous avons commencé à figer notre programme pour les quinze jours à venir. Je dois aller faire un aller-retour à Hong-Kong pour mon travail où je retrouverai avec plaisir ma deuxième moitié, mon associé Gérald. Mon vol est programmé le 10 octobre au départ  de Auckland, ce qui nous laisse 13 jours à compter de demain pour y arriver. A raison de deux jours en moyenne par étape, nous avons listé 5 étapes pour faire le tour de l’île du Sud, selon les préconisations de Graham à l’Information Point de Christchurch.

Pendant que je vous parle de Christchurch, je dois revenir sur une erreur dans mon dernier billet. Le premier séisme a eu lieu en 2010 (et non en 2009 comme je l’ai écrit). Le 4 septembre exactement. D’une durée de 40 secondes et de magnitude 7,1, il aura réveillé tous les habitants de Christchurch à 4h35 et ébranlera tous les vieux édifices de la ville. Malheureusement, le 22 février 2011 à 12h51, une nouvelle secousse, dont l’épicentre situé à seulement 10 kilomètres de la ville, a surpris les habitants qui faisaient leurs courses ou prenaient leur pause déjeuner. Cette fois-ci la magnitude est de 6,3 mais avec un hypocentre a seulement 5 kilomètres de profondeur, ce séisme va, pendant les 24 interminables secondes ou la terre tremble, modifier à jamais la deuxième ville de la Nouvelle-Zélande. La flèche de la cathédrale Christ Church est en ruine et l’effondrement des deux plus grands immeubles de la ville a enseveli à jamais nombre d’hommes et de femmes. On dénombrera 181 victimes pour moitié mortes dans l’effondrement de l’immeuble de la télévision de Canterburry…

Concernant notre trip, nous imaginons donc quitter Methven dès demain après-midi, après notre session de ski, et rouler jusqu’aux environs du Mount Cook en arrivant là-bas « secs », sans réservation pour la nuit ! C’est un coup de poker en cette période de vacances scolaires mais nous tenterons le coup. C’est reparti pour l’aventure !!

Ce soir, nous passerons la soirée tranquillement à l’appartement, sans tartiflette ni raclette – et, ce malgré nos demandes dans tous les restaurants du village – mais avec une bouillie «  à la Mamie Coucou » que Lovely préparera en dessert pour les garçons ! 

A demain… sur les pistes !!

Victorinox avec ses béquilles en inox !