Aujourd’hui, pas de chance, la météo est très capricieuse. Le ciel est gris et les ondées sont fréquentes. Il semble que ce temps soit lié au changement de lune. Hier, nous avions tous convenu d’aller faire ce matin une grande randonnée, la « Traversière ». Nous avons hésité et puis finalement, comme le temps s’est levé, nous nous sommes décidés à y aller. Brigitte, la propriétaire du Fare, nous a conseillé de la faire en tongs et si le chemin était trop mouillé, de poursuivre pieds nus.

Augustin a abandonné au bout de 30mn, prétextant que son genou lui faisait mal. Il est rentré au bungalow. Nous avons poursuivi, en galérant un max, avec nos tongs. Nos pieds glissaient dans les tongs, et quand nous les quittions, c’étaient nos pieds qui glissaient sur la boue. 3h de marche pour rejoindre péniblement le belvédère. Heureusement, pour le retour, maman qui avait été la seule à ne pas écouter Brigitte et à prendre ses chaussures de marche, a marché plus vite que nous pour tenter de trouver un pick-up qui voudrait bien venir nous rechercher. Nous avions cassé nos tongs avec Papa et si l’ascension était difficile, la descente était impossible. En une heure, nous n’avions presque pas avancé. Et puis, grâce à maman, Lorenzo, un gars du village de Patio est arrivé avec son 4X4 et nous a raccompagné jusqu’au Fare… sous une averse torrentielle !! C’est la pire balade que je n’ai jamais faite !

Après avoir pris une douche au bungalow et s’être détendu dans la piscine avec mes frères, nous avons grignoté rapidement sur place et nous sommes allés visiter une des plantations de vanille sur l’ile de Tahaa où nous séjournons depuis trois jours. Un employé super sympa de la vanilleraie est venu nous chercher en Land Rover dans notre hôtel aux alentours de 14h et nous a emmené jusqu'à la plantation. 

Une fois sur place, c’est Bryan, le propriétaire de nationalité danoise et marié à une polynésienne qui nous prend en charge pour réaliser la visite. Nous admirons d’abord les nombreuses plantations de fruits (pamplemousses, bananes, papayes, caramboles, piments oiseau…) de la propriété mais aussi les différents arbres présents notamment l’arbre à pain. Puis nous partons regarder les plantations de vanille. Bryan nous explique que la vanille est une orchidée, qu’il existe plus de 30 000 espèces d’orchidées sur terre mais qu’une seule est utilisable en cuisine et c’est ce type d’orchidée qui est planté ici. La vanille est une liane grimpante. Il nous montre les boutures qu’il réalise pour son exploitation. Nous nous arrêtons devant un plant. C’est une liane verte de 50 cm de long plantée au pied d’un arbuste qui sert de tuteur. Le pied de l’arbuste est entouré de noix de coco et de noix de Tacanu qui procure à la liane un engrais naturel. Cette liane de vanille prend environ 3 cm par 24 h et il faut attendre que le plant pousse pendant 3 ans avant de pouvoir récolter de la vanille. Ensuite, elle en produira chaque année. Mais, pour la récolte, il est indispensable que la pousse reçoive 60% de soleil et 40% d’ombre. Bryan taille donc les arbustes qui servent de tuteurs pour que la pousse de vanille obtienne ce ratio exact.

Normalement la récolte des gousses de vanille se réalise entre juin et août mais malheureusement à cause de la météo capricieuse et « qui déconne » (dixit Bryan) depuis 3 ans maintenant, celle-ci se fait entre septembre et novembre. Tout ça à cause des dérèglements climatiques…

Il nous explique qu’il existe deux principales sortes de vanille dans le monde, la vanille Bourbon et la vanille de Tahiti. La vanille Bourbon est essentiellement produite à Madagascar mais également à La Réunion. Cette variété de vanille est de moins bonne qualité mais on en produit beaucoup plus, jusqu'à 550 tonnes par an, alors que la vanille de Tahiti, produit seulement 5,5 tonnes chaque année.

Le prix de la vanille de Tahiti est bien plus élevé. Effectivement, une fois arrivée sur le marché européen, une gousse vaut 20€ ce qui fait un prix au kg à environ 2 000 € !! La aussi, Bryan trouve que le marché « déconne » ! Mais la vanille de Tahaa est la meilleure du monde !

Il faut savoir, qu’une fleur donne une gousse à condition que la pollinisation soit réussie. C’est Bryan qui intervient manuellement, sur chaque fleur, pour que la pollinisation soit assurée. Lorsqu’on récolte la gousse de vanille, elle est de couleur verte. On l’expose donc au soleil durant 15 jours sur des tôles pour obtenir la couleur marron puis on les trie par taille : les grosses, les moyennes et les petites.

Après ça, il faut réaliser l’acte le plus difficile de la récolte. On doit masser chaque gousses une fois par jour pendant 15 jours. Un geste qui se réalise en la massant avec le pouce et l’index de bas en haut sur les deux faces. Puis, on les repose sur des étagères à l’extérieur.

Le lendemain, il faut refaire le même travail jusqu’à ce que la vanille soit parfaite. Sans ce geste, la vanille n’aurait pas de saveur.

C’est amusant car mon grand père qui tenait un hôtel et restaurant gastronomique, achetait sa vanille sur l’île de Tahaa. Je ne peux pas vous dire si elle provenait de cette vanilleraie mais peut-être !

El Gringo